Sécheresse : cultivons l'eau verte
Comprendre l'importance du cycle de l'Eau Verte et (re)découvrir la résilience des cycles de l'Eau.
Avec deux vagues de chaleur successives, juin 2025 a été le second mois de juin le plus chaud jamais enregistré en France : + 3,3 °C par rapport à la normale contre + 3,6 °C en juin 2003. Des records de température ont été battus dans de nombreuses villes le 30 juin, y compris en Bretagne : 35,5 °C à Pommerit-Jaudy (22), 36 °C à Lanleff (22) et Dinard (35) et 37,7 °C à Arbrissel (35). Un début d'été qui annonce la sécheresse...
Quelles sont les conséquences d'un manque d'eau pour nous et la biodiversité, quelles solutions et quels moyens d'adaptation, comment évolue la situation en Bretagne... ? Notre série d'été "Sécheresse" analyse cette crise de l'eau qui devient de plus en plus récurrente et alarmante. Épisode 7 : Résilience fondée sur la nature.
Le cycle de l’eau appris à l’école nous explique que l’eau des mers et des océans s’évapore et voyage sous forme de nuage jusqu’à retomber sous d’autres formes (pluie, neige, grêle..) sur les terres.
En réalité, ce cycle de l’eau ne représente qu’1/3 de l’eau terrestre, les 2 autres tiers proviennent de l’évapotranspiration des végétaux qui absorbe l’eau et la renvoie dans l’atmosphère quelques 500 mètres plus loin et ainsi de suite jusqu’à 5 ou 6 fois. Cette eau qui se déplace essentiellement par les végétaux et le sol est appelée Eau Verte.
L’Eau Bleue correspond à l’eau qui transite rapidement dans les cours d’eau, les lacs, les nappes phréatiques en direction des océans.
L’eau verte et l’eau bleue sont très liées, et ces cycles sont dit déréglés lorsque plus de 30 % de l’eau de pluie est rejetée en mer.
L’aménagement du territoire a fait reculer les forêts, laissant seulement des haies (trame verte) qui ont à leur tour disparu durant les remembrements. Cette baisse de végétation impacte les cycles de l’eau verte et provoque des cycles de sécheresse-inondation-coulée de boue sur les continents. En effet, une haie bocagère stocke en moyenne 7m3 d’eau sous 1m² de surface au sol, protège de la chaleur et des intempéries, retient les sols surtout lorsqu'elle est plantée sur talus, redistribue l’eau et les nutriments aux cultures adjacentes, stocke le carbone et filtre l’air et le sol, et abrite la biodiversité (45 % de la biodiversité bretonne, le reste étant la biodiversité marine).
En son absence, l’eau n’est pas retenue et ruisselle, emportant les particules de terres riches en matière organique… Il en résulte des eaux troubles, très chargées en éléments, qui s’échappent rapidement des terrains et appauvrissent les sols.
Autre pratique agricole participant à faciliter la production à court terme : l’assèchement de zones humides par la mise en place de drainages, responsable de la perte du maillage aquatique du territoire (trame bleue). L’eau se retrouve concentrée dans les fleuves dont les lits et les débits ont largement augmenté, avec cet objectif d’évacuer l’eau rapidement, aujourd’hui elle fuit le paysage.
Ces pratiques ont facilité le travail mécanisé pour permettre l’intensification de l’agriculture, en contribuant, malheureusement, à la dégradation de la santé des milieux et des cycles de l’eau. Cette eau qui était dérangeante à l’époque, nous manque aujourd’hui, pourtant l’agriculture est la première activité consommatrice d’eau douce en France (57 % chiffre en augmentation).
Il est important de réfléchir à se rapprocher d’une résilience hydrique pour le bien de l’agriculture future, l’Homme va devoir travailler davantage avec le végétal.
Des solutions agronomiques sont déjà en pratique et d’autres sont en cours d’expérimentation afin de ralentir l’eau :
Des pratiques culturales comme le semis direct sous couvert, le semis perpendiculaire à la pente, le flaquage (aquacapteur), le double semis des passages d’eau…
Mais également, la réhabilitation de paysages bocagers viables pour l’Homme et le vivant dans son ensemble. Avec des mares, des talus, des haies bocagères, des zones humides, des prairies, des cours d’eau reméandrés et renaturés, des îlots de sénescence et des boisements ciblés... Tout ceci avec une gestion, un entretien raisonné et une protection de ces espaces pour leur pérennité.
Les espaces urbains peuvent et doivent également agir de consort avec la Nature, en favorisant les programmes de désimperméabilisation et de végétalisation de ses espaces (cours d’école, parking, toits, façades, trottoirs..), en adoptant des pratiques vertueuses (participation citoyenne, sobriété, plan de gestion d’entretien des arbres et bords de route..) et redonner de la place à la végétation par la création de jardin/arbre de pluie, d’allées arborées, de forêts urbaines, de bandes enherbées...
Chaque petit geste compte, cependant une approche globale est importante au moins à l’échelle des bassins versants en veillant à la complémentarité des actions.
Pour participer à la culture de l’eau verte, inscrivez-vous au projet « Mains dans le Bocage », en aidant un. agriculteur.ice à prendre soin de ses haies.
Pour aller plus loin :
Notre page Economies d'eau
Projet "ma commune engagée pour l'eau"
Télécharger le petit guide sur les économies d'eau
Vigi'Eau
Les épisodes précédents :
Épisode 1 : 2025, un été bien mal parti
Épisode 2 : La sécheresse, un problème en Bretagne ?
Épisode 3 : La sécheresse, quel impact pour le vivant ?
Episode 4 : Les solutions pour économiser l'eau au quotidien
