Avec deux vagues de chaleur successives, juin 2025 a été le second mois de juin le plus chaud jamais enregistré en France : + 3,3 °C par rapport à la normale contre + 3,6 °C en juin 2003. Des records de température ont été battus dans de nombreuses villes le 30 juin, y compris en Bretagne : 35,5 °C à Pommerit-Jaudy (22), 36 °C à Lanleff (22) et Dinard (35) et 37,7 °C à Arbrissel (35). Un début d'été qui annonce la sécheresse...

 

Quelles sont les conséquences d'un manque d'eau pour nous et la biodiversité, quelles solutions et quels moyens d'adaptation, comment évolue la situation en Bretagne... ? Notre série d'été "Sécheresse" analyse cette crise de l'eau qui devient de plus en plus récurrente et alarmante. Épisode 6 : adaptation de l'agriculture

 

L’agriculture s’adapte au climat depuis toujours. Mais depuis quelques années, celui-ci évolue rapidement : étés secs et chauds, hivers ou printemps humides… Comment l’agriculture s’adapte-t-elle et essaie de réduire son impact ?

 

La situation en cette mi-août

 

Qui dit chaleur estivale, dit aussi sortie des moissonneuses… Cette année, les céréales ont été récoltées rapidement et en avance, partout en Bretagne ! Le maïs, quant à lui, subit depuis début août un stress hydrique, variable selon les secteurs avec un gradient Est Ouest toujours très fort.
Pour les herbagers, après un début anticipé des coupes d’herbes, c’est encore compliqué cette année : bien que les pluies de début août aient fait baisser l’inquiétude en Ille-et-Vilaine, la pousse ralentie en juin-juillet n’a pas repris. On perd encore en jours de pâturage (-18 % de déficit mi-juillet sur les prairies pâturées par rapport à 2010-2024), et on a besoin de plus de stocks le stock…

 

Le déficit hydrique est général et, depuis début juillet, les pluies cumulées sur la Région, de nature orageuse, sont très irrégulières : la moyenne de juillet est souvent atteinte, avec des situations positives (golfe du Morbihan) mais aussi des zones très sèches.

La demande en eau (écarts cumulés entre pluies et évapotranspiration) montre une situation plus critique en 29 sud, 22 sud et 56 centre. L’impact sur les cultures dépendra du stade de développement de la culture et de la profondeur du sol pour sa réserve facilement utilisable.

 

A noter que le département du Finistère vient de passer le 8 août dernier en « alerte sécheresse », 2e niveau de gravité de sécheresse sur quatre (vigilance, alerte, alerte renforcée et crise). Certains bassins versants du Morbihan, lui-même en « alerte sécheresse », viennent de passer en "alerte renforcée sécheresse" le 12 août : Scorff, Ellé,Evel, Aff et Yvel. A ce jour, le département d'Ille-et-Vilaine reste en « alerte sécheresse », et les Côtes d’Armor en « vigilance sécheresse ».

 

A la recherche de solutions

 

De manière générale, l’agriculture doit faire face à des événements extrêmes plus importants, à une baisse de la disponibilité en eau l’été, à l’augmentation des températures été comme hiver...

 

Chacun expérimente, cherche des solutions, s’adapte, comme toujours en agriculture… mais jusqu’à quel point ? Semer plus précocement, choisir des variétés adaptées, préserver la réserve en eau du sol et sa matière organique, ou irriguer... 
En élevage, on sort les vaches la nuit, on les protège avec des haies, on diversifie les ressources fourragères (y compris l’arbre comme fourrage complémentaire, le sorgho est également testé...), on choisit et on mélange les espèces et variétés de graines fourragères, on adapte sa conduite des prairies (fauche ou pâture, pâturage tournant, enrubanage, affouragement en vert, séchage en grange...), on stocke plus, on passe en monotraite, on revient aux prés complantés…

 

Se pose alors le choix des solutions de court terme d’adaptation des pratiques (comme l’irrigation), ou de solutions de long terme d’adaptation de son système (comme le système herbager et un foncier adapté). Celles qui modifient en profondeur le système permettront de rendre la ferme plus résiliente et autonome.

 

Avec quel accompagnement ?

 

Pour ce qui est des pratiques, on peut citer le programme Breizh Bocage du Conseil régional qui permet de financer des haies et leur entretien les premières années. Alors qu’elles ont été détruites pour intensifier et mécaniser l’agriculture, les haies sont un atout (ombre, biodiversité, fourrage…) et un allié (stockage de carbone) face au changement climatique (voir épisode 7 à venir). Notre association se propose d’accompagner les agriculteurs qui s’engagent dans l’aménagement intra ou interparcellaire. 
 

 

De même, des aides aux systèmes herbagers existent (MAEC - mesures agro-environnementales et climatiques) : elles sont adaptées à une prise de risque pour faire évoluer les systèmes vers plus d’herbe et moins de maïs-soja, donc à plus d’adaptabilité face aux aléas climatiques.
Pourtant, les éleveurs peinent à obtenir les financements nécessaires au changement de système. Eau & Rivières de Bretagne se bat aux côtés des agriculteurs pour répondre à la demande autour de cet outil de la transition agro-écologique.
 

L’agriculture conventionnelle capitalistique, qui a choisi la robotique, le numérique, la chimie ou la génétique, peine devant les effets de la température et du déficit hydrique. C’est avec des solutions fondées sur la nature, faiblement consommatrices d’énergie et de ressources, que l’agriculture peut espérer faire face au changement climatique.

 

 

 

Pour aller plus loin : 

Notre page Economies d'eau
Projet "ma commune engagée pour l'eau"
Télécharger le petit guide sur les économies d'eau
Vigi'Eau

 

Les épisodes précédents : 
Épisode 1 : 2025, un été bien mal parti
Épisode 2 : La sécheresse, un problème en Bretagne ?
Épisode 3 : La sécheresse, quel impact pour le vivant ? 

Episode 4 : Les solutions pour économiser l'eau au quotidien

Episode 5 : une situation toujours fragile en Bretagne