Les années 2024 et 2025 ont été le théâtre d’une opposition caricaturale entre exigences environnementales et difficultés du monde agricole. La récente proposition de loi dite Duplomb a ravivé ces tensions autour d’un choix de société majeur : quel modèle agricole voulons-nous ? Pour éclairer ce choix, la Fondation pour la Nature et l’Homme (FNH) a mené une analyse approfondie sur l’une des filières les plus emblématiques : la filière porcine. Une filière qui bénéficie depuis peu, comme d’autres filières animales, de l’adoption d’un article sur la facilitation de l’installation et de l’agrandissement d’exploitations d’élevages industriels.

Pour produire ce travail, la FNH s'est appuyée sur les connaissances de terrain d'Eau et rivières de Bretagne concernant les impacts environnementaux mais surtout l'appui technique du BASIC (Créé en 2013, le Bureau d’analyse sociétale d’intérêt collectif est une coopérative analysant les impacts des modes de production et de consommation sur la société et l’environnement, en particulier dans l’alimentation et l’agriculture) et son rapport de recherche : « La filière porcine française. Analyse des coûts sociétaux et de la répartition de la richesse tout au long de la chaîne de valeur du porc ».

Différentes questions clés ont servi de socle à l'étude : quel coût supporté par la sécurité sociale chaque année pour soigner les maladies liées à la surconsommation de charcuterie de porc (cancers, diabète…) ? Quel coût payé par le contribuable pour dépolluer les eaux et lutter contre les algues vertes dans les territoires d’élevages porcins ? Quel impact du modèle intensif actuel sur l’emploi dans les 13 000 élevages et les 159 abattoirs restants en France ? 

Des coûts sociétaux élevés

• Diabète, cancers,… la surconsommation de charcuterie coûte 1,9 milliards d’€ /an à la Sécurité sociale.

• Pollutions, 162 millions d’€ dont 95 rien que pour la Bretagne.

• Soutiens à la filière 823 millions d’€ de financement publics annuels sans conditionnalité. 

Une ardoise de 2,8 milliards d’€/an supportée par les contribuables.

Des chiffres hallucinants qui sont, de l’aveu même de FNH, “conservateurs”, car comme Arnaud Clugery le porte parole d'Eau et rivières l'a rappelé à la tribune de l'Assemblée nationale où était présentée l'étude (parrainée par le député Benoît Biteau), "d’autres coûts invisibles difficiles à chiffrer comme, la déforestation importée, la dégradation des sols, l’impact sur la biodiversité des rivières, des haies ou encore des eaux littorales victimes des marées vertes,… alourdissent encore la note".

Anticiper, accompagner plutôt que subir

L’étude suggère d’organiser une planification de la restructuration de la filière d’ici 2040, plutôt que de subir la violence d’une évolution dictée par le marché et les tenants de la concentration et de la poursuite de l’industrialisation.

Retrouvez dans les propositions faites plusieurs des orientations portées par Eau et Rivières de Bretagne depuis de nombreuses années comme :

• le rétablissement de l’Etat de droit et la fin des régularisations administratives, un moratoire sur l’agrandissement des fermes usines ;

• le déploiement d’une politique équitable des aides publiques de soutien à l’agriculture paysanne, avec la révision urgente de la PAC ainsi qu'un véritable partage de la valeur dans la filière et des aides publiques conditionnées à des critères sociaux et environnementaux ;

• le rétablissement d’un plafonnement des épandages d'effluents agricoles ;

• un plan de désendettement pour les bifurqueurs.

Un nouveau pavé dans la mare pour le lobby du cochon qui ne manquera pas de nous expliquer qu'ils ont fait beaucoup d'efforts et que des solutions technologiques existent pourvu qu'on les laisse s'agrandir en paix... des promesses qui n'engagent que ce qui les croient ; et cela fait un moment que les bretons n'y croient plus.

Téléchargez l'étude de la FNH