Algues vertes à Plœmeur : le révélateur d’un déni collectif qui n’a que trop duré

11 juillet 2025
Algues vertes à Plœmeur :  le révélateur d’un déni collectif qui n’a que trop duré

L'absence d'un plan de lutte contre les algues vertes en Morbihan inquiète

 

À Plœmeur, l’absence d’un plan départemental de lutte contre les algues vertes soulève de sérieuses inquiétudes. Alors que ces algues qui envahissent les plages sont susceptibles de produire un gaz toxique (l’H2S) lorsqu’elles pourrissent, ce sont les agents municipaux qui se chargent du nettoyage, sans que la filière de gestion et de traitement soit à la hauteur des risques de santé publique.

Le maire essaie de répondre à une situation critique, mais endosse de fait une responsabilité sanitaire et économique. En laissant cette problématique à la seule initiative locale, on met en danger la santé des habitants, des touristes et des travailleurs qui fréquentent ces plages. Les algues vertes, lorsqu’elles se décomposent, libèrent des gaz toxiques, notamment de l’ammoniac et de l’hydrogène sulfuré, pouvant provoquer des troubles respiratoires, des irritations oculaires, voire des problèmes plus graves et même mortels en cas d’exposition prolongée.

Il est inadmissible que la santé publique soit ainsi reléguée au second plan, au profit d’une gestion improvisée par une collectivité qui se retrouve très seule : défaut d’affichage sur plusieurs sites, absence de filières sécurisées et complètes de traitement. La responsabilité incombe aux autorités départementales et régionales de mettre en place des plans d’action efficaces pour prévenir ces risques et protéger la population. Or depuis la fin des années 2000, le Morbihan se singularise en refusant d’accepter l’évidence : même si les échouages sur plage n’ont pas l’ampleur de ceux des plages costarmoricaines ou finistériennes, la situation des vasières révèle depuis longtemps que les flux de nitrates des rivières du département sont bien à l’origine de graves phénomènes d’eutrophisation. Plus grave même, avec les années chaudes comme 2022 ou cette année, les vasières "sombres" chauffent l'eau, ce qui favorise la prolifération et l'accumulation des ulves... et leur dangereuse dégradation !

 

Les algues vertes deviennent un fléau y compris en Morbihan

 

Ici à Plœmeur, dans une zone urbanisée et fréquentée par les touristes, les algues vertes deviennent un fléau, mais la situation est aussi très préoccupante dans le reste Morbihan (rade de Lorient, Ria d’Etel et Golfe du Morbihan). C’est d’ailleurs ce qu’avait bien pointé du doigt la Chambre régionale et la Cour des comptes dans son évaluation des politiques de lutte contre les marées vertes en juillet 2021, préconisant que des mesures soient rapidement prises pour déployer des politiques publiques équivalentes à celles mises en œuvre depuis 2011 par le Plan de lutte contre les algues vertes couvrant les sites du Finistère et des Côtes d’Armor. Il n’en a rien été, les pouvoirs publics continuant de concentrer leurs efforts sur les territoires déjà engagés et préférant s’en remettre à de nouvelles études concernant les mécanismes de prolifération des échouages sur vasières.

En 2022, dans sa conclusion générale, l’étude IMPRO (Impact du sédiment sur les proliférations de macroalgues sur vasières) conduite par le CEVA, l’Ifremer et les Universités de Rennes et Bordeaux sur les apports d’azote (flux des cours d’eau et relargage par les sédiments) indique ce que l’on savait intuitivement déjà : l’apport d’azote d’origine sédimentaire reste relativement faible, avec une contribution de l’ordre de 2 %. Il reste donc clair que le robinet principal alimentant la prolifération des algues vertes est le transfert de l’apport excédentaire d’azote issu de la fertilisation des cultures par les effluents d’élevage, les digestats de méthaniseurs et les engrais chimiques dans nos cours d’eau.

Pourtant en Morbihan, malgré les demandes insistantes de notre association, pas de mesures efficaces dans le Programme d’action nitrates sur les bassins versants concernés, pas de Zones soumises à contraintes environnementales (ZSCE) comme c’est le cas sur les 8 baies à algues vertes sur plage sableuse, pas de priorisation au déploiement des Mesures Agro-Environnementales et Climatiques agricoles (MAEC), des régularisations automatiques des élevages en sureffectif. L’indulgence préfectorale vis à vis des extensions d’élevages, de dérogation à l’épandage dans la bande des 500 mètres conchylicoles, le développement des méthaniseurs... est toujours de mise.

 

Ce laisser faire est un déni qui invisibilise la prolifération des algues vertes en Morbihan

 

Laisser faire, c’est prendre le risque de voir s’aggraver une crise qui aurait pu être évitée. La santé publique ne doit pas être une variable d’ajustement dans la gestion locale. Il est temps que des mesures concrètes soient prises pour garantir la sécurité et le bien-être de tous.

La situation de Plœmeur doit alerter : face à la menace écologique et sanitaire des algues vertes, l’action doit être immédiate, coordonnée et ambitieuse.

 

Pour aller plus loin

 

Accès à la synthèse de l'étude sur l'impact de la prolifération des macroalgues sur vasières (2022 - CEVA)

Accès au rapport complet de la même étude

 

 

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