Métabolites de pesticides | Ça dépasse ? Ça ne dépasse plus !

05 octobre 2022
Métabolites de pesticides | Ça dépasse ? Ça ne dépasse plus !

L’eau du robinet est contaminée par les pesticides et leurs résidus. De nombreux dépassements de la limite de qualité ont lieu depuis plusieurs mois en Bretagne et ailleurs en France. Ce sont près de 1,5 million de Bretons et de Bretonnes qui ont reçu, temporairement ou plus durablement, une eau non-conforme à leur robinet. Une situation en passe de s’améliorer grâce à un sacré tour de passe-passe…

 

En Bretagne, un seul résidu de pesticide était à l’origine de tous les dépassements de la limite fixée à 0,1 µg/L : l’ESA-Métolachlore. Ce résidu, ou métabolite, est issu d’un désherbant largement utilisé en Bretagne sur le maïs, les haricots ou les pois.

 

Déclaré pertinent par deux fois

Présent, omniprésent même, il est devenu problématique lorsqu’il a été intégré le 1er avril 2021 dans le panel de molécules suivies dans le cadre du contrôle sanitaire des eaux destinées à la consommation humaine. La raison ? Il était classé « métabolite pertinent » ; c’est-à-dire qu’il y avait lieu de considérer « qu’il pourrait engendrer (lui-même) ou ses produits de transformation) un risque sanitaire inacceptable pour le consommateur ».

Un classement établi par deux fois par l’Anses ; le 30 janvier 2019 « considérant, d’une part, l’insuffisance de données relatives à leur activité « pesticide » et, d’autre part, le manque de robustesse de certaines données ne permettant pas de conclure sur leur potentiel génotoxique » et le 14 janvier 2021

 

Jamais 2 sans 3

L’Anses a revu sa copie et pense avoir finalement levé le doute sur le potentiel génotoxique de l’ESA-métolachlore, comme précisé dans son avis du30 septembre 2022 . Il en a également profité pour faire de même avec un autre métabolite du S-Métolachlore, le NOA-Métolachlore qui passe lui aussi du côté des non-pertinents (cf. Avis Anses du 30 septembre 2022).

Une situation qui pourrait ne pas durer puisque si, dans le cadre de sa réapprobation au niveau européen, la molécule mère, le S-Métolachlore, venait à être classée comme perturbateur endocrinien ; la pertinence de ses métabolites devrait de nouveau être réévaluée…

 

Les non-conformités caduques

Ce nouveau classement rend caduque une grande partie des non-conformités de l’eau du robinet constatées en Bretagne. En effet, l’ESA-métolachlore n’est désormais plus concerné par la limite de 0,1 µg/L mais par une « valeur de vigilance » de 0,9µg/L. Il n’est d’ailleurs également plus concerné par la limite en pesticides total qui est de 0,5µg/L…

La qualité de notre eau ne s’est en rien améliorée, il aura suffit de relever la limite pour qu’il n’y ait plus le problème… Enfin presque. À nouveau ces classements ne prennent en compte les molécules que les unes à côté des autres, sans éclairer sur les possibles effets cocktails ou synergiques des nombreuses substances auxquelles nous sommes exposés.

 

Eau & Rivières de Bretagne qui dénonce la contamination de l’eau potable par les résidus de pesticides depuis plusieurs mois poursuivra ces actions à ce sujet et en particulier sur le S-Métolachlore. L’omniprésence des métabolites de ce désherbant n’est pas sans conséquences sur la biodiversité. Il existe en particulier deux alertes de toxicité : aïgue sur poissons et chronique sur vers de terre (reproduction) ; sans compter le risque très élevé de contamination des milieux aquatiques.

 

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