Inondation Quimper non aux barrages [23/12/15]
Barrage ralentisseur de crue proposé
C'est en réaction à une série de soirées d'information organisées par les collectivités territoriales du bassin-versant de l'Odet-Steir-Jet, sur le thème de la prévention des inondations, que Eau & Rivières a présenté, jeudi dernier, une autre approche du dossier.
C'est donc avec l'aide de Jean Michel Stéphan de Bretagne vivante, devant quelques associations du secteur (AAPPMA, CLCV,...) et un public attentif que André Kerdranvat et André Perron ont pris le temps de développer un argumentaire que nos associations ont rarement le loisir de pouvoir dérouler quand ils prennent la parole en conférence publique.
André Perron représentant ERB au Sage Odet
Cet exposé, que nous nous attacherons à diffuser dans les jours à venir en version papier, précisent les points de désaccord :
- La concertation, ce n'est pas juste inviter les associations et le public et ne pas entendre ce qu'ils ont à dire.
- Le travail du Bureau d'étude est contestable (d'autant plus qu'il peut prétendre à la maitrise d'oeuvre des travaux !) : le modèle mathématique minore la question des coefficients de ruissellement (différents selon les type de culture, les pentes, le travail du sol, sa nature, la battance, le tassement des sols). Ce même modèle génère une marge d'erreur qui nous laisse penser que les décisions qui s'en inspirent sont approximatives
- L'approche analytique de la question des inondations donne la prime à une réponse partielle, celle des barrages là ou au contraire une approche systémique renforcerait l'approche territoire.
- Les ralentisseurs sont des barrages... (= tvx, remblais, bétons, fosses de sortie, pertuis...) et les barrages, ça peut céder
Cet exposé conclut également sur une proposition ambitieuse et innovante basée sur l'expertise citoyenne d'Eau & Rivières, celle là même qui s'opposait il y a 30 ans à la construction de barrages sur le Scorff, le Trieux ou le Lémézec. Barrages que les bureaux d'étude défendaient à grand renfort de calculs, nous annonçant le triplement de la consommation d'eau des ménages. Cette proposition, c'est une Déclaration de Travaux d'Intérêt Général pour la remise en fonction des infrastructures naturelles du bassin versant. 20 millions d'euro affectés à une économie agricole circulaire et de proximité. Notre proposition, c'est 20 millions pour :
- du dé-drainage des zones humides,
- de la recréation (creusement) des fossés et talus plantés,
- du reméandrage des cours d'eau,
- de l'enherbement des zones à risque de ruissellement fort,
- des pratiques culturales adaptées,
- de l'indemnisation des agriculteurs pour perte de rendement, pour avoir accepté de stocker l'eau dans les champs, quand cela est avéré.
Les débats et interventions ont été riches et nombreuses; en voici quelques-unes en passant :
"Le coût de 20 M€ pour la construction paraît démesuré surtout à une époque où il est demandé aux collectivités d’avoir une rigueur de gestion et où elles ont du mal à boucler leur budget. A ce coût, il faudra rajouter un coût de fonctionnement (donc récurrent !). En effet, il faudra planifier des visites de contrôles des ouvrages, d’entretien, de gestion des embâcles etc… Où trouver cet argent pour financer ces coûts, si ce n’est avec une augmentation des impôts locaux ?"
"Ok pour dire que le bocage et les talus ne suffisent pas pour avoir un risque zéro d’inondations à Quimper, mais cela atténue quand même le risque et le phénomène. Sinon, comment expliquer qu’aujourd’hui, une petite dépression d’hiver suffise à faire grossir les rivières au point qu’elles débordent et que quelques heures plus tard, le niveau soit revenu à la normale (exemple criant du Langelin à Briec comme tant d’autres ruisseaux) ?."
"Quand j’étais jeune, le niveau des rivières montait et descendait de manière beaucoup plus douce qu’aujourd’hui…. Pourquoi ? Le changement climatique ne répond surement pas à lui seul à ce constat"
"C’est quoi l'objectif ? Veut-on avoir un risque zéro d’inondation ou bien diminuer leur fréquence et leur intensité, si oui de combien ? Ce point me paraît important, car je pense qu’il conditionne les solutions alternatives qui pourraient être mises en place."
Télécharger la contre expertise d'Eau et Rivières