Effondrement des saumons, anguilles, esturgeons... libérons la bande côtière

08 juillet 2025
Effondrement des saumons, anguilles, esturgeons... libérons la bande côtière

Toutes les espèces piscicoles migratrices sont dans un sale état !

 

Selon l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), les populations des espèces piscicoles amphihalines sont toutes en état de conservation fortement dégradé. 

  • L’Anguille d’Europe, l'esturgeon et la grande alose sont en danger critique d’extinction

  • La Lamproie marine est en danger d'extinction.

  • La lamproie fluviatile est vulnérable.

  • L'Alose feinte et le Saumon Atlantique sont classés quasi-menacés. En attendant la mise à jour de l'état de conservation du saumon, les données de suivi des populations de cette espèce sont alarmantes. Elles attestent d'une chute très significative pour la troisième année consécutive. C’est pourquoi, en 2025, la pêche du saumon est désormais interdite partout en France, autant en mer qu'en rivière.

 

Pourquoi ce déclin ?

 

Les causes de leur déclin sont multiples et la liste suivante n'est pas exhaustive :

  • Rupture de la continuité écologique dans les cours d’eau

  • Dégradation des habitats aquatiques (arrêt de la circulation des sédiments par les barrages, colmatage des fonds, extraction de graviers, etc)

  • Modification du bassin versant : urbanisation, agriculture, drainage massif ou encore suppression du bocage et des milieux humides aboutissent à des perturbations hydrologiques et physico-chimiques qui détruisent ou colmatent les frayères, et menace les juvéniles et les reproducteurs

  • Réchauffement climatique modifie aussi la production primaire, les courants de surface et leur température.

  • Surpêche et pêche illégale en haute mer

  • Pêche minotière

  • Captures accidentelles ou volontaires dans les eaux marines sous juridiction française

  • Pêche illégale en eau douce

  • Pollutions multiples des cours d’eau

  • Dégradation des habitats aquatiques par colmatage des fonds

 

Les associations Défense des Milieux Aquatiques et Eau & Rivières de Bretagne demandent de libérer la bande côtière

 

Dans le cadre du document soumis à la présente consultation publique, nous sommes convaincus qu’une seule de ces causes peut vraiment être traitée pour répondre à l’urgence. C’est le problème des captures de saumons, d’aloses ou d’esturgeons dans les eaux marines sous juridiction française, qu’elles soient accidentelles ou pas.

Les eaux littorales représentent une zone très sensible pour le Saumon Atlantique puisque celui-ci, au moment du retour de son grand voyage dans les eaux froides de l'Atlantique Nord, longe la côte sur des distances parfois considérables avant de trouver et remonter dans sa rivière natale pour s'y reproduire. Il ne retrouve pas directement sa rivière, mais la cherche et l'identifie probablement grâce à des critères physico-chimiques et biologiques propres à cette rivière. Au cour de cette quête, les Saumons sont donc tout particulièrement exposés aux filets côtiers (fixes ou dérivants, remorqués ou encerclants, ...).

Cette bande côtière est d’autant plus une zone sensible pour le Saumon Atlantique qu’au moment du retour de son grand voyage en Atlantique Nord, il passe un moment à longer la côte avant de remonter dans sa rivière natale se reproduire. En réalité, il ne retrouve pas directement sa rivière, il la cherche un petit moment, il se repose et prépare sa remontée en eau douce. Au cour de cette quête, les Saumons sont donc tout particulièrement exposés aux filets de toute sorte (maillants, fixes, calés, trémails, dérivants...etc).

La façade NAMO (Nord Atlantique Manche Ouest) et les toutes les régions côtières de la Manche au Sud de l’Atlantique ainsi qu’en Méditerranée (Hauts de France, Normandie, Bretagne et Pays de la Loire, Nouvelle-Aquitaine, Occitanie et PACA) sont par-ailleurs pour nombre de ces espèces amphihalines des sites de fréquentation (reproduction, migration) très importants.

Nous proposons d’éloigner les filets au-delà de la bande des trois milles, à l’instar des chaluts, sans dérogation possible.

 

Cette mesure réglementaire aurait l’avantage :

  • de favoriser le recrutement des espèces commerciales dont les nourriceries sont situées à la côte

  • de rendre plus effective l’interdiction de la pêche au saumon dans les eaux douces prise par arrêté préfectoral du 31 décembre 2024, dans un objectif de lutte contre l’effondrement de l’espèce

  • d’améliorer l’atteinte des OE des descripteurs n° 2 Oiseaux Marins et n°3 Poissons et Céphalopodes

  • de réduire les captures d'espèces protégées (mammifères, tortues et oiseaux marins).

 

Une nouvelle allocation des zones de pêche qui éloigne les filets des côtes va d'abord augmenter l'abondance et la taille des poissons, favoriser ainsi la transition vers les pêches sélectives tout en épargnant les poissons migrateurs et en réduisant les captures d'espèces protégées. Cette stratégie gagnant-gagnant a été mise en place depuis des décennies sur les deux façades océaniques des USA et ailleurs (Nouvelle-Zélande, Australie, Norvège, etc) où elle a été totalement validée.

 

Une mesure d'urgence pour palier aux insuffisances et faire face à l'effondrement

 

La dernière réforme de la politique commune des pêches a mis en place une nouvelle méthode de la gestion des stocks des espèces pêchées : le rendement maximal durable. S’il a été novateur en 2013, aujourd’hui il s’avère insuffisant. Respecter la reproduction ne suffit pas. Encore faut-il que les jeunes poissons aient le temps de se développer.

« Il faut sortir de cette vision erronée, selon laquelle assurer la simple survie des espèces exploitées suffirait à la durabilité » 1

« Ce qui limite in fine la quantité de juvéniles, ce n’est pas le nombre d’oeufs dont ils sont issus, mais la capacité du milieu »2

C’est à l’échelle des écosystèmes que doit se concevoir la pêche. La bande côtière, qui abrite les nourriceries de nombreuses espèces commerciales constitue justement un écosystème très productif. Elle vaut tout simplement de l’or 3.

C’est à partir de la production primaire que se développe la vie marine. En effet, par l’apport conjugué de la lumière et des nutriments, la production primaire, principalement le phytoplancton a lieu essentiellement en zone côtière et va soutenir toute la vie marine et notamment ces nourriceries côtières.

 

1Didier Gascuel, La pêchécologie, 2023 éditions Quae , page 17

2Didier Gascuel, La pêchécologie, 2023 éditions Quae, page 11

3D’où le titre de l’ouvrage de Philippe Garcia, association Défense des Milieux Aquatiques, Golden Miles, 2023

 

Pour aller plus loin

 

Projet Golden Miles : accès au doc de synthèse et commande possible de l'ouvrage intégral

Pour lire en intégralité notre avis, cliquer ici

Pour donner votre avis dans le cadre de la consultation des DSF en cours, "je participe" (consultation ouverte jusqu'au 04 août 2025)

 

 

Agenda

l m m j v s d
1
 
2
 
3
 
4
 
5
 
6
 
7
 
8
 
9
 
10
 
11
 
12
 
13
 
14
 
15
 
16
 
17
 
18
 
19
 
20
 
21
 
22
 
23
 
24
 
25
 
26
 
27
 
28
 
29
 
30
 
31