Appel à mobilisation pour les haies
Une consultation publique est ouverte jusqu'au 16 décembre sur le projet de décret fixant les règles et procédures applicables à la destruction de haies. Nous refusons ce décret qui facilite la destruction des haies !
Un projet de décret qui met les haies en danger
Ce projet de "guichet unique" pourrait être un outil très utile pour appliquer de façon efficace les réglementations qui protègent les haies et sécuriser les demandeurs. Mais en l'état, il pourrait surtout ouvrir la porte à une massification des destructions de haies ! Seule une participation conséquente à la consultation publique permettra de rectifier le tir.
Consultez l'analyse détaillée et les conseils pour participer à la consultation sur le site du Réseau Haies France et participez à la consultation publique en déposant un commentaire ayant pour titre "avis défavorable".
Le rôle essentiel des haies
Le Conseil National de la Protection de la Nature (CNPN) (leur analyse complète ici) rappelle que les haies sont des composants fondamentaux des paysages avec de multiples rôles connus et démontrés. Elles constituent à ce titre, un patrimoine paysager, naturel et culturel dont la destruction dépasse une seule instruction administrative et doit intégrer celle patrimoniale dont les constituants ne sont pas remplaçables par de seuls linéaires plantés. Leur destruction peut exceptionnellement être envisagée, mais appelle à être solidement justifiée afin d’éviter qu'elle ne soit une simple initiative individuelle et banalisée de gestion du territoire.
Selon l’Office français de la biodiversité (OFB), 750 000 km de haies ont été arrachés en France sous l’effet conjoint du remembrement agricole et du déclin de l’activité d’élevage au profit de la céréaliculture intensive. L’identité paysagère de ces territoires et, de fait, leur attractivité résidentielle et touristique, ont évolué, tout comme leur contribution à la régulation de l’écoulement et l’infiltration des précipitations dans le sol.
Actuellement, le déclin du bocage se poursuit, avec même une accélération depuis 2019, passant de 11 000 km par an à 23 500 km selon le CGDD, sous le triple effet renforcé de la diminution de l’élevage qui entraîne celle des parcelles de prairies naturelles remplacées par les monocultures, de l’urbanisation et de l’engouement croissant pour le chauffage au bois encouragé par l’État.
Le bocage recule toujours en Bretagne
Il est important de rappeler que malgré le programme Breizh Bocage qui permet, en moyenne, à chaque EPCI qui le déploie de planter 10 km linéaires de haies par an, le bocage recule toujours en Bretagne. Ces linéaires, malheureusement, n'ont pas un avenir sûr (beaucoup de pertes les 5 premières années)... Les haies plus ou moins âgées qui subsistent encore, sont pour une grande majorité en "mauvais état" car elles ne sont pas entretenues ou trop entretenues. Peu, pour des haies d'arbres qui ont été conduites avec des techniques spécifiques (trogne, émonde...) et ne le sont plus et qui peuvent être fragilisées. Elles ont besoin d'un entretien de restauration particulier. Trop ou mal entretenues, pour des haies devenues gênantes, ou entretenues par des personnes ne sont pas averties, sensibilisées ou qualifiées, ou qui utilisent des outils peu ou mal adaptés à un entretien respectueux de l'arbre. Le développement des filières bois, l'agrandissement et l'intensification des parcelles cultivées, le dérèglement climatique (alternance sécheresse / forte précipitation), nous demandent une vigilance accrue quant au bon entretien de notre bocage existant et futur, afin d'assurer sa pérennité et de conserver ses multiples bénéfices (guide gestion durable de la haie par Réseau Haies France ici).
L'approche biodiversité est bien souvent négligée, pourtant les haies bocagères ne sont pas qu'une ressource en bois. Elles sont également des habitats d'espèces protégées, malheureusement encore peu d'inventaires sont réalisés... Les haies se composent de nombreuses topologies, d'individus d'âges divers, elles hébergent une grande biodiversité animale et végétale qui représente, pour la faune, l'essentiel de notre biodiversité terrestre bretonne. Elles multiplient les habitats, grâce au nombre d'étages et de milieux qui les composent : les fossés, les talus, les bandes enherbées, les arbustes, les arbres, le bois mort, les lianes... Ce sont donc des multitudes de lieux de vie, d'axes de déplacements, de refuges, essentiels pour la préservation de certaines espèces. L'agriculture participe en grande partie au bon ou au mauvais fonctionnement de tout ces écosystèmes, il serait temps de valoriser davantage les pratiques favorisant le vivant dans son ensemble (Présentation de Paysans de Nature).
Dans ce contexte, il est nécessaire de conserver, restaurer et amplifier un maximum le maillage bocager plutôt que de "simplifier" sa destruction.
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Conserver par la connaissance, l'entretien, la reconnaissance, la protection...
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Restaurer par la pousse naturelle assistée ou non, l'arrêt du sur-entretien, la remise en état des zones humides et des talus...
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Amplifier, penser à une échelle plus grande que la parcelle ou l'exploitation agricole, penser à l'échelle d'un bassin versant et amorcer l'hydrologie régénérative sur notre territoire...
Voici un extrait de ce que le groupe de travail bocage porte au nom d'Eau et Rivières de Bretagne (toutes nos publications ici). Devenez acteur.rice de la restauration du bocage en vous inscrivant au programme les Mains dans le Bocage ici.
Contact : audrey.gosselin@eau-et-rivieres.org
Dans la presse
Détruire les haies pour mieux les préserver, l'idée absurde du gouvernement - Reporterre
Un décret veut faciliter la destruction des haies - La Relève et la Peste
Un projet de décret prévoit de faciliter la destruction des haies - Actu Environnement
