Pollution du Naïc, les rivières ne disent pas merci

28 août 2020
Pollution du Naïc, les rivières ne disent pas merci

Magnifique cours d'eau

Le Naïc, affluent rive droite de l'Ellé, est un magnifique cours d'eau d'une quinzaine de kilomètres qui prend sa source à Guiscriff (56) et se jette dans l'Ellé à Lanvénégen.

 

Avec son affluent le Ruisseau de Saint-Antoine, il est classé Natura 2000 sur toute sa longueur en raison de la richesse de son biotope et particulièrement de sa remarquable faune piscicole constituée entre autres de Saumon atlantique, Truite Fario, Lamproie marine, Chabot, Lamproie de Planer. La partie aval abrite des frayères de Lamproie marine. La Loutre d'Europe y est également présente.

 

Ce jeudi 27 août, les 5 kilomètres aval de son cours jusqu'à l'Ellé ont été stérilisés par une pollution brutale qui a détruit toute vie piscicole ainsi que tous les insectes aquatiques. Les gardes-pêche locaux pointent un élevage porcin de Lanvénégen qui aurait laissé s'écouler des eaux de lavage dans le ruisseau distant d'une centaine de mètres à peine.

 

Depuis mercredi soir le liquide qui aurait servi à nettoyer "à l'eau claire" (dixit les premières déclarations de l'exploitant) une plateforme de manoeuvre de 600 m² a fait son oeuvre et toute la vie est anéantie sur près de 5 km,. une hécatombe qui affecte durement un secteur sur lequel les pêcheurs de l'Entente du Haut ellé et de l'AAPPMA de Quimperlé n'avaient pas ménagé leur peine, à raison de 3 chantiers d'entretien par an depuis 5 ans. Une bien mauvaise récompense pour des bénévoles qui se sentent aujourd'hui écoeurés.

 

Dans le Naïc, comme dans le Stanven il y a quelques années, comme dans tous les cours d'eau bretons qui ont subi des pollutions similaires ces dernières années, il faudra quatre ou cinq ans minimum avant que les poissons viennent le repeupler, un comble pour ce ruisseau entretenu avec soin par les pêcheurs du secteur et (normalement) très riche en frayères.

 

Incidents d'exploitation à répétition

Il va sans dire qu'Eau & Rivières va porter plainte, une fois de plus… car il n'est plus question d'entendre parler d'"accident". Certes, une pollution dite « accidentelle » peut toujours se produire. Cependant, la multiplication de celles-ci exige une réflexion profonde des autorités. Parler de pollution accidentelle laisse entendre que la pollution ne trouverait pas une origine fautive pour les autorités publiques, pour la presse et pour le public. Il convient aujourd'hui davantage de parler d’incident d’exploitation à répétition (plus de 30 incidents dans le département depuis 2018 !)

 

L’industrialisation de l’élevage (et leur nouvel avatar les méthaniseurs), la complexité des équipements pour traiter les effluents des cheptels animaux plus nombreux ne se sont pas accompagnées d’une culture du risque écologique et sanitaire, au point que les études de dangers, requises pour les installations classées soumises à autorisation, relèvent davantage de la formalité qu’une prise de conscience des risques qu’elles présentent pour l’environnement.

 

Eau et rivières et ses associations membres exigent un véritable plan de bataille pour que cesse ce fatalisme morbide.

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