Juin 2002 | Eau et Rivières pastiche le programme Bretagne eau pure
Bretagne eau pure est un programme de lutte contre les pollutions de l’eau qui a été lancé en 1990, à l'initiative du conseil régional de Bretagne, pour répondre, notamment, aux alertes lancées par l’association Eau et Rivières de Bretagne. Le programme est un partenariat entre l’Union Européenne, l’État, la région, l’Agence de l’eau Loire-Bretagne, les conseils généraux bretons, les structures des 44 bassins versants et la profession agricole de Bretagne.
En février 2002, la Cour des comptes épingle Bretagne eau pure dans un rapport. Elle déplore notamment l’investissement de moyens importants (310 millions d'euros entre 1993 et 2002) sans amélioration significative. Pour elle, la présence d’entités aux champs d’action différents fait qu'elles ont de intérêts divergents dans ce combat pour l’environnement. La Cour des comptes suggère que les actions réglementaires menées par Bretagne eau pure soient accompagnées de politiques de prévention et de régulation des élevages chez les agriculteurs.
La campagne publicitaire ne passe pas
La campagne “Jeanne aura les yeux de son père, le nez de sa mère et l’eau que nous lui lèguerons” est confiée à l’agence de communication Publicis pour revaloriser la lutte de Bretagne eau pure pour l’environnement et sensibiliser à l’importance de la qualité de l’eau. Dans le contexte écologique de l'époque cette variable est au plus bas : des nitrates polluent les plages et les cours d’eau bretons. Les associations de défense de la nature ne perçoivent pas cette publicité d’un bon œil.
La campagne originale.
Le pastiche, lui, fait sensation
Eau et Rivières de Bretagne choisit de parodier l’affiche. Arnaud Clugery photographie Erin, sa fille née quelques semaines plus tôt, avec le premier appareil numérique de l'association. La photo de son visage est accompagné du slogan révisé pour supporter les convictions de l’association : “Jeannette aura les yeux de son père, le nez de sa mère, des nitrates dans son biberon et des algues vertes sur sa plage”. Ce constat alarmiste montre que si les programmes dispendieux ne sont pas efficaces, il faut agir autrement.
L'affiche détournée a des retombées médiatiques dans toute la région et devient le symbole de la lutte contre l’inertie des plans de reconquête de la qualité de l’eau basés uniquement sur des démarches volontaires dont les résultats ne sont pas probants. Elle est même reprise dans un manuel scolaire pour étudier les limites du modèle agricole breton !
Aujourd’hui, le combat contre les nitrates a pris une place plus importante et les condamnations de l’Europe ont permis des résultats plus prometteurs dans les cours d’eau qui étaient surnitratés. La société vit une prise de conscience écologique globale et les jeunes sont de plus en plus impliqués contre la pollution. Mais les algues vertes, elles, n'ont toujours pas disparu.