Visite du site de stockage des boues marines de la rade de Lorient [30/03/2018]

03 avril 2018
Visite du site de stockage des boues marines de la rade de Lorient [30/03/2018]

Les adhérents ont organisé une visite du site de la Becquerie pour se rendre compte, sur place, des enjeux environnementaux que soulèvent le stockage des boues de dragages. Le directeur du pôle aménagement de Lorient Agglomération, qui coordonne le PGOD est venu à leur rencontre pour qu’ils puissent exposer leurs inquiétudes.

1 300 000 m³ de boues seront draguées sur 10 ans  : 90 % seront clapées en mer et 10 % seront traitées et stockées à terre (les plus dangereuses).

 

Les adhérents s’interrogent sur la bonne conduite du dossier de la gestion des boues de dragages des boues de la rade de Lorient. Sans remettre en cause le principe du dragage des boues, nécessaire au bon fonctionnement des activités portuaires de Lorient, les risques induits par le traitement de ces sédiments, parfois très fortement pollués, interpellent notre rôle de sentinelle de la nature.

 

Voici nos différents points d’inquiétude.

 

Sur la période des 10 années à venir (2018-2027), Lorient Agglomération a élaboré, avec la région Bretagne, Naval-Group et la Compagnie des Ports du Morbihan, un Plan de Gestion Opérationnel des Dragages (PGOD) dont les résultats des études d’impact sont encore partiels. Seule une étude d’impacts sur les dragages d’entretien dans la rade de Lorient, suivis de clapages des sédiments de qualité immergeable, au N-O de Groix, a été réalisée. Nous attendons toujours l’étude d’impacts du site de traitement et de stockage envisagé des sédiments non immergeables, c’est-à-dire les sédiments les plus pollués.

  • Quelles seront les conclusions de l’étude d’impact des sédiments non immergeables ? Quand aurons-nous les résultats ? Seront-ils rendus publics avant l'enquête publique ?

Réponse : les études d’impact sont en cours de réalisation et tous les documents relatifs au projet seront soumis prochainement à la consultation du public. Lorient Agglo ne se contentera pas d’une enquête publique a minima, mais organisera des rencontres du public via des réunions d’information. Cette phase de consultation devrait s’ouvrir courant l’été prochain.

 

Le site préconisé pour traiter et stocker les sédiments les plus pollués, se situe sur le palud de Locoyarn, commune d’Hennebont, à la Becquerie. Il s’agit d’un ancien marais inondable qui borde le Blavet qui a été remblayé dans les années 70 pour en faire une décharge municipale comprenant, sur la partie Est, tous les déchets ménagers, hospitaliers, industriels mis en décharge jusqu’au début des années 2000. Sur la partie Ouest, le site a servi de décharge des résidus des mâchefers des forges d’Hennebont (Inzinzac-Lochrist). Une étanchéification chimique par l'apport de matériaux appropriés à la nature des déchets et un confinement chimique du plomb à base de chaux ont été réalisés. Tout ceci est aujourd’hui recouvert d’un dôme de terre végétalisée avec recueil des eaux pluviales dans des fossés périphériques. Rien n’est visible et, apparemment, tout est stable. Il n’en demeure pas moins que ces déchets sont enfouis sur un sol meuble (ancienne zone humide) et que les nombreux passages de véhicules, le poids à venir des boues marines risquent de modifier l’équilibre des forces de ce sol. Nous attirons la vigilance des preneurs de décision sur ce risque de fragilisation de la tenue du sol et de percolation avec les eaux souterraines, risque accru par celui des inondations (submersion marine et inondation par ruissellements).

  • Comment ces risques sont-ils pris en compte dans l'étude d'impact ?

  • Un poids maximum de charge sur ce site est-il défini ? Comment s’assurer qu’il ne sera pas franchi lors des opérations de stockage ?

  • Quelles sont les précautions prises par les décideurs pour protéger le Blavet de toute pollution pendant le transport et durant tout le stockage des sédiments ?

Réponse : la partie aval du site recouvrant les mâchefers seront la première étape du process de stockage des boues marines. Déposés dans des alvéoles de séchage constituées de géomembranes, les sédiments y seront ressuyés. Puis, ils seront stockés sur la partie amont recouvrant l’ancienne décharge des ordures ménagères. Les sédiments ayant un caractère imperméables, ils contribueront à l’étanchéité du dôme de terre végétale qui a recouvert cette ancienne décharge.

 

Ces nouveaux déchets (sédiments salés et pollués) chargés en métaux lourds, sur ce site et déposés à ciel ouvert, subiront les intempéries, notamment les précipitations. Les eaux de ruissellements seront chargées en métaux lourds et normalement traitées dans une station d’épuration construite sur le site.

  • Un lixiviat en résultera, comment sera-t-il traité ? Quelles sont les technologies de traitement des eaux dédiées à ce type de traitement ? Que deviendront les boues de la station d’épuration qui traitera ces eaux usées ? Que deviendront ces lixiviats, dans 15 ans, après de la fermeture du site de stockage ?

Réponse : des fossés périphériques draineront les eaux de lixiviat et les dirigeront dans des bassins de décantation dédiés au traitement de ce lixiviat. Les boues qui résulteront de ce traitement retourneront dans le circuit des sédiments.

 

Les sédiments stockés à terre sont les plus pollués, ils ne seront certainement pas inodores.

  • Quelles sont les mesures prises en matière de prévention contre la pollution olfactive, avant la fermeture des «alvéoles étanches» qui seront aménagées sur le site ?

Réponse : les boues marines ne contiennent que très peu de matières organiques et ne seront donc pas odorantes.

 

Suite à notre visite de la Becquerie au bord du Blavet à Hennebont, les adhérents restent très surpris de l'évolution envisagée, du traitement et stockage des sédiments marins, sur site par l’entreprise prestataire.

- En juin, aurons-nous le temps de d’étudier et de déceler les incohérences du dossier ?

- Le SDAGE Loire-Bretagne préconise de prioriser le traitement de toutes les boues à terre. Or, dans ce projet seulement 10 % seront traités à terre, les 90 % seront clapés en mer au large de l’île de Groix, ce qui nous pose question : c’est bien le rapport économique qui a guidé la conduite du dossier. Et même si la zone de clapage ne présente pas d’enjeu écologique majeur, c’est plus d’1 million de m³ de boues marines qui seront clapées !

- Comment seront pris en compte les migrations des poissons migrateurs (avalaisons et dévalaisons des saumons, anguilles, lamproies….) ?

- Les sédiments ne seront-ils pas valorisés autrement une fois à terre ?

- Quel suivi sera mis en place sur ce projet suivant les autorisations d’exploiter ?

 

 

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