Marées vertes | Eau et rivières à la rencontre du sous-préfet

28 janvier 2022
Marées vertes | Eau et rivières à la rencontre du sous-préfet

Jeudi 27 janvier, Eau & Rivières de Bretagne rencontrait pour la première fois Étienne Guillet (au centre de la photo), sous-préfet nommé par le gouvernement, auprès des préfets des départements des Côtes-d’Armor et du Finistère pour accompagner la transition agro-écologique de la Bretagne. Pour l’association, c’était l’occasion de se faire préciser la mission qui lui a été confiée, mais surtout de faire le point sur l’avancement du prochain plan de lutte contre les marées vertes, après que deux rapports (l’un de la Cour des comptes, l’autre du Sénat) aient sévèrement critiqué les précédents.

 

Des renforts modestes pour les services de l'Etat

« M. Guillet nous a bien laissé entendre que l’État avait l’ambition de changer de braquet, d’aller plus loin en impliquant un maximum d’acteurs, particulièrement les agriculteurs des baies algues vertes. À la question de savoir s’il allait être le seul renfort de l’administration, ou si l’on était en droit d’espérer des moyens supplémentaires pour l’instruction des dossiers d’élevage et les contrôles, il n’a pas été très rassurant. Il a bien évoqué la possible création de 2 à 4 postes, au mieux. Une goutte d’eau là où la Cour des comptes avait diagnostiqué une chute de 72% de la pression de contrôle sur les 10 dernières années » rapporte Jean-Yves Piriou le vice-président d’Eau & Rivières de Bretagne (à gauche sur la photo).

 

Des contrats dont on ne mesurera l'efficacité qu'en 2025 ?

Autre point d’inquiétude exprimé par l’association : suite à l’annulation partielle obtenue par elle, devant les juges de la République, des textes encadrant la gestion de l’azote, un renforcement des règles devait avoir lieu dans les baies algues vertes pour l’automne. Le préfet de Région a répondu à cette obligation en publiant, mi-novembre, un arrêté qui a laissé l’association sur sa faim. Les premières mesures, pour lesquelles les bretons étaient en droit d’attendre des effets immédiats, ne commenceront à produire leurs résultats que dans 1 an, tout au mieux. L’État répond donc à l’injonction des juges par un 2ème levier plus incitatif, celui-ci liera par contrat, les agriculteurs des baies s’engageant pour une durée de 3 ans avec des indemnités à la clé. Le sous-préfet a bien confirmé que ces contrats sont en cours d’élaboration. L'association a donc fait part de ses craintes d'y découvrir des objectifs pas suffisamment ambitieux et des moyens qui ne suivent pas. Or avec un tel dispositif, si les exploitants ne jouent pas le jeu ou que la baisse des nitrates n'est pas au rendez-vous, il n’y aura aucun moyen d’imposer quoique ce soit avant 2025.

 

De son côté, le sous-préfet a tenu à rassurer l’association sur le niveau d’ambition de ces contrats, actuellement construits dans chaque baie entre l’État, les collectivités territoriales et la Chambre d’agriculture. Ils devraient être mis en forme vers fin février pour une présentation à Eau & Rivières de Bretagne et aux autres parties prenantes tout début mars.

 

Notre association a rappelé qu’elle serait extrêmement vigilante à ce que les dispositifs créés en 2022 (ZSCE1, PAR72, MAEC3 Nitrates, PSE4 et écorégime de la PAC5) et engageant la Bretagne pour 5 ans, soient complémentaires les uns des autres. Ce n’est qu’à cette condition qu’ils accompagneront les agriculteurs dans la réduction de la pression de l’élevage et permettront de sortir d’un modèle qui a déjà causé beaucoup trop de dommages environnementaux comme sociaux.

 

Saint-Brieuc doit rendre publique les analyses d'H2S

Pour terminer l’entretien, les représentants d’Eau et Rivières ont tenu à revenir sur la polémique du moment concernant la publication des analyses d’H2S en baie de Saint-Brieuc. Ils ont rappelé que la totale transparence de l’information à caractère environnemental était la base du dialogue. Le sous-préfet a d’ailleurs fait savoir que dans l’une de ses précédentes missions en Martinique sur le dossier d’eutrophisation marine par les algues sargasses, ce même type d’analyse de la qualité de l’air était rendu public tous les 5 jours. L’association va officiellement écrire au président de Saint-Brieuc agglomération pour qu’il en fasse de même.

 

Pour le président Alain Bonnec, qui participait à ce rendez-vous en distanciel, « cette rencontre avec M. Guillet, dont le rôle est celui d’un facilitateur, ne doit pas être un nuage de fumée masquant une réalité complexe. Beaucoup d’acteurs économiques n’ont aucun intérêt à ce que les choses changent. D’une façon ou d’une autre, il faudra du courage politique pour imposer la transition agro-écologique, car les tenants du modèle hors-sol sont devenus des experts dans l’art de l’illusion. Ils n’arrivent malheureusement quand même pas à faire disparaître les marées vertes de nos plages ! »

 

 

1 Zones soumises à contraintes environnementales

2Programme d’action régional n°7 de lutte contre les nitrates

3Mesure agro-environnementale et climatique

4Paiement pour services environnementaux

5Politique agricole commune

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