Champs orange | La réponse d'Eau & Rivières à la FRSEA

02 avril 2019
Champs orange | La réponse d'Eau & Rivières à la FRSEA

Depuis quelques jours, Eau et Rivières de Bretagne est l'objet d'attaques, notamment sur les réseaux sociaux, après le lancement de sa campagne « stop aux champs orange » (lire communiqué de la FRSEA plus bas). Fort heureusement, ces réactions sont minoritaires et des milliers d'encouragements nous parviennent.

 

Chacun.e pourra constater dans tous nos messages qu'il ne s'est agi à aucun moment de dénoncer les agriculteurs qui utilisent les désherbants sur leurs parcelles. Nous avons bien précisé que cette utilisation était légale. Aucune des photos publiées ne mentionne l’identité de l’exploitant de la parcelle. Il n’est donc pas plus simple de connaître l’identité de l’exploitant que n’importe quel citoyen passant près d’un champ orange ! Pour autant il s'agit pour nous de combattre des systèmes de production néfastes à l'environnement dont les conséquences sont aujourd'hui dramatiques à bien des égards, comme la perte de biodiversité et l'impact avéré sur la santé publique.

 

 

Ne pas juger mais proposer notre expertise

 

 

Pour notre association qui fête cette année ses 50 ans, ce combat n'est pas nouveau : le constat initial « quand le saumon meurt, l'homme est menacé », est aujourd'hui d'actualité pour les oiseaux, les insectes comme les abeilles, etc.

Il n'est pas dans nos intentions de juger le travail d'agriculteurs formés et professionnels, mais notre expertise est aussi reconnue, grâce à la présence d'agronomes et d'agriculteurs adhérents dans nos groupes de travail.

 

La contamination des cours d'eau est bien due aux systèmes de production encore dominants qui ne respectent ni le vivant, ni le sol. Ce sont ces systèmes qui ne peuvent pas se passer de l'utilisation des pesticides de synthèse, alors que de très nombreux exemples, témoignages et analyses de groupe montrent que d'autres méthodes de production sont possibles, et sont aussi meilleures pour assurer un revenu décent aux agriculteurs.

Sur le terrain et dans les différentes instances où nous siégeons, notre association est partie prenante de la lutte pour le maintien d'agriculteurs nombreux et pour la préservation des terres agricoles.

 

Les agricultrices et agriculteurs nous trouveront toujours à leurs côtés pour défendre une agriculture plus respectueuse de l’environnement, mais au-delà des beaux discours, l'expérience a montré qu'il faut malheureusement défendre pied à pied les avancées pour une agriculture durable en se heurtant aux lobbies de l'agriculture et de l'agro-alimentaire productivistes.

 

 

Encore loin du bon état écologique

 

 

Par ailleurs, ce ne sont pas nos petites associations de protection de la nature qui bénéficient de la majorité des "subsides de l'État" : nous laissons les citoyennes et les citoyens juger de ce qui est indigne et inacceptable. Ce ne sont pas elles non plus qui bénéficient le plus des relais médiatiques.

Après avoir subi une dégradation considérable, des progrès ont été faits pour la restauration de la qualité de l'eau en Bretagne grâce à la mobilisation de tous les acteurs, et il est de notoriété publique qu'Eau et Rivières de Bretagne y a largement contribué. Les contribuables aussi au passage ! Pour autant nous sommes encore loin du bon état écologique de nos masses d'eau, comme nous l'impose la Directive cadre sur l'eau (DCE). La Bretagne est encore en zone vulnérable pour les nitrates et la contamination par les pesticides est importante (lire plus bas).

 

 

Un combat d’arrière-garde de la FRSEA

 

 

Sur cette question essentielle d’environnement et de santé publique, la FRSEA continue de mener un combat d’arrière-garde , alors que de nombreux agriculteurs changent leurs pratiques au quotidien (un tiers des installations en Bretagne - en nombre - le sont en agriculture biologique). Elle ignore les centaines de messages qui nous parviennent des citoyens inquiets de voir les pulvérisations d’herbicides à ras des habitations, des bourgs, des écoles. Gagner les arbitrages dans les couloirs des ministères ne fait que renforcer la défiance des citoyens à l’égard d’un modèle dépassé. La responsabilité d’un syndicat agricole est de soutenir et d’accompagner le changement et non de s’y opposer en tenant des propos mensongers. Car comme a pu l’exprimer dès jeudi dans les médias (France 3), Yvon Cras, membre de la Confédération paysanne 29 : « Quand on voit un champ orange, ça veut dire que les paysans disparaissent et qu’on remplace des paysans par des pesticides. »

 

C'est en prenant en compte cette mobilisation des acteurs que notre association appelle les producteurs et les consommateurs à relever le défi de la nécessaire transformation des modèles de production agricole, pour être au rendez-vous que les jeunes générations nous donnent et pour éviter une catastrophe annoncée.

 

Une contamination bien réelle en Bretagne

D’après les chiffres publiés par l’Observatoire de l’environnement en Bretagne, sur 255 stations de suivi des pesticides, 98% présentent au moins une substance quantifiée en 2017, le glyphosate est quantifié dans 45,5 % des cas où il est recherché sur l’année hydrologique 2016-2017. Sur cette même campagne c’est 31 % des 494 substances recherchées qui sont quantifiées au moins une fois dans l’année parmi lesquelles 57 % de ces substances sont des herbicides.

 

Toujours d’après ce bilan « Le nombre de substances présentes simultanément dans un même échantillon augmente ces dernières années. Une diversité de plus de 10 substances est retrouvée dans 51 % des 344 prélèvements qui présentent une concentration supérieure à 0,5 micro-grammes par litre » (avec un record de 43 substances simultanément dans un même échantillon dans la zone légumière du nord-Finistère.

 

Dans ce dossier, nous notons également le faible pourcentage de contrôle des exploitations utilisatrices de ces produits (264 contrôles réalisés en 2017 par la Draaf), les difficultés à faire appliquer les interdictions sous condition de vent,  ainsi que l’insuffisance réglementaire qui ne définit aucune distance limite d’application vis à vis des particuliers (autres que les personnes vulnérables) contrairement à l’épandage de lisier par exemple.

 

Le communiqué de presse de la FRSEA

 

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Retrouvez nos publications sur les champs orange !

 

Notre plaidoyer contre les champs orange

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