Pollution du Quillimadec, la coupe est pleine !

24 février 2019
Pollution du Quillimadec, la coupe est pleine !

21 avril sur le Jet, 31 août sur la Flèche, 28 septembre à la pointe du Millier, et ce samedi 23 février sur le Quillimadec, en moins d’un an ce sont pas moins de 4 accidents ayant pour origine des élevages industriels porcins qui ont décimé la population piscicole de rivières finistériennes de 1ère catégorie, abritant des espèces protégées au plan international tel que le saumon ou l’anguille pour ne citer qu’eux.

 

Dans la nuit du vendredi 22 au samedi 23 février, ce sont des centaines de m3 de lisier qui se seraient déversées dans le Quillimadec, occasionnant la mortalité de 40 tonnes de poissons d'une pisciculture située en aval et combien dans la rivière... Cette pollution « accidentelle » par du lisier n’est pas nouvelle sur le Quillimadec puisque l’an dernier, une riveraine avait déjà signalé deux pollutions à l'administration. Mais cette fois, c'est tout le cours d'eau qui est touché, occasionnant interdiction de pêche et de baignade jusqu'à la baie de Guissény.

 

Cette série « d’accidents » n’est pourtant pas une nouveauté dans le paysage breton et Eau et rivières est malheureusement là pour le constater depuis près de 50 ans.

 

Alors que nous interpellions le Préfet de Région sur cet état de fait, au printemps dernier voici ce qu’il répondait à notre Président. « Les retours d’expérience des dernières années issus de la base ARIA, confirment que le nombre de pollutions accidentelles causées par ces déversements de lisier est élevé dans le Finistère » et d’affirmer que les procédures de contrôle et d’instruction de dossier d’autorisation s’en verraient renforcés.

 

Car il y a bien eu une action des services de l’État présentée au Conseil départemental de l’environnement et des risques sanitaires et technologique (Coderst) en juillet par les services de l’État. « Des contrôles spécifiques « risques de pollutions » sont en cours de déploiement à titre expérimental (sic) selon des critères de ciblage. Pour chaque fosse à lisier localisée sur cartographie, le ciblage est réalisé sur la base du calcul d’un indice «arbitraire», combinant les éléments suivants : - distance au cours d’eau,

- % pente moyenne entre la fosse et le cours d’eau,

- volume de la fosse (surface x 3 m),

indice = volume / (pente1/2 x distance)

20 exploitations ont ainsi été choisis dans la liste des exploitations ayant des fosses avec un indice élevé combinant un grand volume, pas loin d’un cours d’eau et plutôt en surplomb prononcé..

L’exploitant doit devra démontrer dans le dossier qu’il dispose de moyens de contrôle et de surveillance permettant d’éviter le déversement accidentel d’effluents dans le milieu naturel.

Les arrêtés des élevages autorisés après enquête publique comportent un article relatif à la lutte contre les déversements accidentels d’effluents dans le milieu.

L’instruction permet de vérifier la pertinence de la démonstration et peut déboucher sur la rédaction de prescriptions particulières reprenant voire renforçant les mesures prévues par l’exploitant. (obligations de mettre un talus de rétention par ex.) »

 

Aussi, alors même que le phénomène est archi-connu, alors que l’on dépense des millions d’euros pour reconquérir la qualité de l’eau en Bretagne et ce depuis 40 ans, alors que des fermetures de plages font la une de l’actualité, alors que l’on est face à la 6ᵉ extinction massive de la biodiversité… les élevages « industriels » bretons semblent incapables d’anticiper le moindre accident industriel et du côté de l’État on en est encore à des « expérimentations » sur « 20 exploitations » qui pourraient déboucher sur des prescriptions particulières comme l’obligation de construire près des fosses à lisier des ceintures de contention en cas d’accident… On croit rêver !

 

Eau & Rivières de Bretagne déposera plainte dans cette énième pollution, cela lui permettra d’accéder au dossier d’instruction et de mieux comprendre les négligences qui conduisent à ces déversements. Sans attendre l’association demande que des enceintes de confinements soient créées aux abords de chaque fosse à lisier et digestat de méthaniseur.