Pesticides, Monsanto condamné [13/08/2018]

13 août 2018
Pesticides, Monsanto condamné [13/08/2018]

 

Un tribunal de San Francisco vient de condamner Monsanto à près de 290 millions de dollars de dommages pour ne pas avoir informé de la dangerosité de son herbicide, le Roundup.


C'est un jardinier, Dewayne Johnson, atteint d'un cancer du système lymphatique qui a affronté le géant de l'agrochimie. Cet homme avait épandu du Roundup et du Ranger Pro (sa version professionnelle plus concentrée) dans les écoles d'une petite ville ; parfois jusqu'à 10 fois par an entre 2012 et 2015. Il accusait ces produits d'être la cause de son cancer. Le tribunal et son jury populaire lui ont donné raison. Leurs conclusions étaient que la firme avait agit avec "malveillance" et que les produits utilisés avaient "considérablement" contribués à la maladie du plaignant.


L'entreprise Bayer, qui vient de racheter Monsanto, a annoncé faire appel de cette décision. Elle dit continuer à defendre "vigoureusement ce produit qui bénéficie de 40 ans d'histoire d'une utilisation sans danger et qui continue à être un outil essentiel efficace et sans danger pour les agriculteurs et les autres usagers".  Elle avait récemment annoncé la disparition de la marque Monsanto, mais bien évidemment pas l'arrêt de la fabrication et de la commercialisation de son Roundup...

 

Cette décision de justice a un retentissement certain en France, où , rappelons-le, deux autres procédures face au géant de l'agro-chimie sont en cours. Sans compter celle menée par notre association, il y a presque 15 ans de cela ( voir l'historique de ce combat judiciaire).

La première, celle de l'agriculteur Paul François, intoxiqué au Lasso, un autre produit de la marque. Il a en 2012, obtenu la reconnaissance de son intoxication et le versement d'une indemnisation par la firme. Monsanto avait fait appel de cette décision. En 2015, la cour d'appel avait confirmé ce premier jugement. À l'été 2017, suite au pourvois de l'entreprise, la cour de cassation a annulé ce jugement ; les juges ayant omis de demander si le produits incriminé était défectueux. Le dossier de Paul François sera à nouveau débattu au début de l'année 2019.


La seconde, celle de la famille Grataloup : la mère de famille avait épandu un herbicide à base de glyphosate sur une carrière d'équitation en 2006, sans savoir qu'elle était enceinte à cette époque. L'enfant né de cette grossesse est atteint de graves malformations de l'oesophage et du larynx. La fammile a porté plainte en 2017, les tribunaux n'ont pas encore examiné ce dossier.

 

Le combat de ces citoyens, affectés par la maladie, pour faire reconnaitre les impacts des pesticides sur la santé est admirable. Les décisions rendues servent à tous et sont, le constat accablant de la dangerosité de ces produits pour l'humanité. L'occasion ratée d'inscrire une sortie datée du glyphosate dans la loi agricole et alimentation ne doit pas faire perdre de vue l'impérieuse nécessité de bannir l'usage des pesticides au plus vite. Le constat d'échec du plan Écophyto montre que l'effort à fournir est énorme pour guérir notre pays de son addiction. Le plan Écophyto version II +, soumis à la consultation du public cet automne, sera-t-il le remède? Rien n'est moins sûr.