Pesticides, le constat d'échec du plan Écophyto

31 juillet 2018
Pesticides, le constat d'échec du plan Écophyto

Le gouvernement a publié ce 27 juillet la note de synthèse du plan Écophyto pour l’année 2016. Pour rappel, l’ambition initiale de ce plan, lancé en 2008, était de réduire l’usage des pesticides de 50 % d’ici 10 ans ; d’ici 2018 donc.

2018, nous y sommes. Alors qu’en est-il de cette réduction?

 

Pour être bref, nous sommes loin du compte ; même si pour les pesticides utilisés dans les zones non-agricoles, une nette baisse de l’usage s’opère.

 

 

Les deux indicateurs retenus pour le suivi de ce plan sont le NODU* (Nombre de dose unité) et le QSA** (quantité de substance active). Ces 2 indicateurs sont calculés chaque année mais leur évolution est interprétée en moyenne triennale.

 

À l’échelle française, le QSA a connu une augmentation de 15 % entre la période 2009-2010-2011 et la période 2014-2015-2016 atteignant environ 70 000T. En 2016, 2 554T de substances actives ont été vendues en Bretagne.Un tonnage toujours en hausse depuis 2010, l’année où le QSA a été plus faible pour notre région (2 074T).

Ces chiffres sont des tonnages bruts, ils ne tiennent pas compte de la dose à laquelle les substances sont utilisées, ni de leur toxicité. Hormis le cuivre ou le soufre par exemple,la tendance est plutôt à la mise sur le marché de pesticides efficaces à de faible grammage. Cette augmentation du QSA est donc d’autant plus inquiétante pour notre santé et notre environnement.

 

Concernant le NODU, l’usage diminue nettement pour les zones non-agricoles entre 2011 et 2016 (-40 %) alors qu’il ne cesse d’augmenter en zone agricole atteignant 95,2 millions d’hectares pour la période 2014-2015-2016. Une hausse de 12,4 % entre les périodes 2009-2010-2011 et 2014-2015-2016.

Le NODU agricole breton représente environ 5 % du NODU agricole français ( pour environ 6 % de la SAU (surface agricole utile) nationale).

Ces tendances contraires montrent bien la prise de conscience de la population vis-à-vis de l’usage de ces poisons. Une tendance à la baisse pour les pesticides amateurs qui devrait se confirmer avec les chiffres de l’année 2017, année de l’arrêt de la vente en libre-service d’un grand nombre de pesticides.

 

 

Ces chiffres témoignent de l’échec de ce plan, modifié déjà 3 fois ; avec, à chaque fois des ambitions revues à la baisse. Un plan qui n’a jamais permis d’impulser les changements de systèmes nécessaires vers une agriculture capable de se passer de pesticides. Une nouvelle version sera présentée à l’automne et soumise à consultation du public. Pour notre association, il est indispensable que cette nouvelle version soit celle qui permette une réduction drastique de l’usage de ces polluants.

 

Voir la note de suivi du plan Écophyto pour 2016

Voir le communiqué de presse de notre fédération à ce sujet

 


* NODU : il correspond au nombre de traitements « moyens » appliqués annuellement sur l’ensemble des cultures françaises. Pour chaque substance, la quantité appliquée est rapportée à une dose unité (DU) qui lui est propre. Le NODU s’exprime en hectare.

** QSA : il comptabilise la quantité (en tonnes) de substances actives vendues. Attention, il ne s’agit pas de la formulation complète d’un pesticide mais bien des matières actives (ex. : le glyphosate dans le Roundup).