Marées vertes : le sempiternel retour [04/05/2017]

04 mai 2017
Marées vertes : le sempiternel retour [04/05/2017]

C'est un démenti cruel pour tous ceux qui affirmaient que le problème des nitrates était réglé en Bretagne. Le retour en force des algues vertes, qui depuis début avril ont envahi les baies de Saint-Brieuc, Lannion, et Douarnenez, démontre que le combat doit s'intensifier contre ce fléau.

Depuis l'étiage de 2013, les surfaces couvertes par les ulves sur les plages bretonnes ont augmenté chaque année, 2016 retrouvant un niveau supérieur à celui de 2006 ! (voir l'évolution 2002-2016)

 

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Certes, les conditions météo, pas de tempêtes hivernales, des eaux plus chaudes, un ensoleillement important ce printemps, ont permis aux algues vertes présentes en force à l'automne 2016 (350 ha de surfaces couvertes en 2016 contre une moyenne de 182 ha entre 2009 et 2015), de connaître un développement explosif ce printemps. Et les fermetures de plages ont commencé, à l'image de celle de la commune de Bréhec, dans les Côtes d'Armor. (voir article ci-dessous paru dans le Télégramme du 23 avril dernier)

 

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Le bilan du plan de lutte engagé en 2010 montre une dynamique d'engagement intéressante des collectivités et des agriculteurs pour réduire les flux d'azote à l'amont des huit baies principalement touchées par le cancer des algues vertes. Cependant, plusieurs limites ont été identifiées dans la mise en œuvre de ce plan :

  • un niveau d'ambition sur quelques baies parfois trop faible,
  • des écarts entre les progrès réellement engagés et les objectifs collectifs fixés dans chaque territoire,
  •  une mobilisation très insuffisante des leviers économiques ;
  • une politique foncière qui a ignoré les enjeux d'évolution des systèmes de production et les plans d'actions menés sur les territoires.

On peut ajouter à ces limites, l'effet désastreux produit par la régression de la réglementation nationale des élevages industriels : relèvement des seuils d'autorisation qui leur permet d'échapper à la production d'une étude d'impact sur l'environnement.

 

En outre, il n'est pas difficile d'observer qu'une partie des organisations agricoles bretonnes est toujours dans le déni des marées vertes et de la nécessité de réduire les flux de nitrates qui se déversent en mer : la Coordination, Rurale vient de publier un communiqué dans lequel elle indique « La situation actuelle confirme qu'il n'y a aucun lien entre le phénomène des algues vertes et le développement des activités agricoles » ! (voir article paru dans le Télégramme du 2 mai dernier). De son côté, la FRSEA de Bretagne a engagé un recours devant le tribunal administratif de Rennes pour faire annuler l'arrêté régional établissant le 5ème programme de lutte contre les nitrates, et particulièrement ses dispositions prolongeant les périodes d'interdiction d'épandages de lisier...

 

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Le combat est donc encore loin d'être gagné ! Ceci alors même qu'une étude du Commissariat Général du Développement Durable établit un lien partiel entre les marées vertes et la baisse de la fréquentation touristique du littoral grand ouest entre 2006 et 2012.