Marées vertes et nitrates : le devoir de vérité

22 septembre 2020
Marées vertes et nitrates : le devoir de vérité

Les algues vertes ont débarqué plus tard cette année, mais elles ont débarqué ! Ici à Guissény, dans le Nord Finistère.

 

Les marées vertes n’ont pas, comme annoncé par l’État, été moins nombreuses cette année. Retour sur cette saison 2020 de la saga « algues vertes ».
 

La Bretagne vit une drôle d’année 2020 sur le front des nitrates et de son expression la plus visible : les marées vertes.

Après un hiver et un printemps aux conditions plutôt défavorables à la prolifération des ulves, sur les plages habituellement touchées, c’est sur un secteur un peu oublié de l’action publique, le Morbihan, que les algues ont fait parler d’elles en juin dernier.


 

La réduction des flux n’est pas synonyme de moins de marées vertes

 

C’est pourtant à Morieux, dans les Côtes d’Armor, que l’État, par la voix de la Préfète de Région Michèle Kirry, a choisi de communiquer, en tout début d’été, pour soutenir l’engagement des agriculteurs dans les plans de lutte contre les algues vertes. Ce déplacement n’a pas manqué de poser question à Eau et Rivières et quelques unes de ses associations membres. La Préfète nous a répondu par courrier et a tenu à confirmer que le niveau d'échouage "d'algues aussi tardifs et modérés" ne seraient pas "sans lien avec la réduction des flux d'azote observée dans l'ensemble des cours d'eau bretons".

 

Lire ici le courrier de Michèle Kirry, Préfète de Bretagne

En laissant penser que la réduction des flux serait déjà à l’origine d’une baisse des marées vertes, la Préfète ne rend pas service à la Bretagne, car s’il est indéniable que la courbe des nitrates baisse depuis le milieu des années 90, cela fait maintenant six ans que cette baisse n’a plus rien de significatif. Les chiffres l’ont confirmé. Ils ont été présentés vendredi 18 septembre, lors du comité de concertation directive nitrates.


Moyenne Nitrates 1980-2019.jpg

 

« Des couvertures par les ulves qui sont supérieures au niveau moyen pluriannuel »

 

C’est d’ailleurs ce que la suite de l’été nous a donné à voir, puisque si l’on en croit le très officiel Bulletin d’information du Centre d’étude et de valorisation des algues (Ceva) du 24 août : « « L’année 2020 a été particulièrement tardive mais les conditions très favorables sur juin et début juillet ont engendré en juillet puis août des couvertures par les ulves qui sont supérieures au niveau moyen pluriannuel (autour de 30 à 40 %). »

 

Traduisez : le printemps sec et l’hiver tempétueux a retardé la croissance des algues, mais les orages de juin se sont chargés de lessiver les sols et d’apporter les flux de nitrates nécessaires à la croissance des algues. Bilan : il n'y a pas moins d'algues vertes que les années précédentes sur les plages bretonnes.

 

Descendre en dessous des 18 mg/L

 

La Bretagne, entièrement classée en zone vulnérable au titre de la directive Nitrates, ne pourra en sortir que si elle descend en dessous des 18 mg/L de nitrates dans ses eaux superficielles et sur certaines baies à algues vertes il faudra même faire encore mieux (carte zones vulnérable). L’autosatisfaction n’est donc pas encore de mise. Le débat public qui vient d’ouvrir sur le prochain Programme national d’action nitrates est nécessaire tout comme un renforcement immédiat de la réglementation.

 

 

Aller plus loin

 

Notre rubrique thématique sur les algues vertes

 

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