Crise des productions AB | Une mobilisation commune

20 mars 2023
Crise des productions AB | Une mobilisation commune

Alors que toutes les filières en agriculture biologiques sont touchées par une crise majeure, la Confédération paysanne des Côtes d'Armor, Eau & Rivières de Bretagne, le Collectif de soutien aux victimes des pesticides de l'Ouest, avec la participation de Forébio, du Gab d'Armor et de Solidarité paysan, se sont mobilisés pour soutenir les paysans engagés mais en difficulté.

 

La mobilisation commune de nos organisations, ce jour à Plouisy, a un sens : l'avenir de la production bio et des fermes qui s'y sont engagées concerne la société toute entière et pas la seule activité agricole. La qualité des produits alimentaires, la santé, la préservation des milieux, les réponses au changement climatique sont des enjeux qui concernent l'ensemble des citoyens et auxquels les fermes en agriculture biologique apportent des réponses positives.


À travers le cas de la production porcine bio en circuit long, nous rappelons les engagements de l'Europe, de l'État, de la région Bretagne qui ont clairement orienté les paysans à s'engager dans
cette voie, notamment au travers des aides financières apportées à la conversion. Alors que tous les signaux étaient au vert pour ce secteur d'élevage dans lequel l'offre était déficitaire et en croissance, en moins de deux ans la situation s'est retournée. La consommation abaissée, des magasins de distribution ont fermé, des rayons de grande surface ont disparu.


Une impasse de laquelle les producteurs ne peuvent se sortir seuls

Conséquence de la mévente, les productions restent chez les producteurs et les prix chutent jusqu'à ne plus couvrir les coûts de production. La spéculation sur les matières premières agricoles et
l'explosion des coûts de l'énergie aggravent dramatiquement la situation financière des exploitations.

Dans ces conditions pour les plus solides et installés de longue date, il faut puiser dans les réserves ; pour les autres la spirale des prêts à court terme s'enclenche. Lorsque l'on a atteint les plafonds de découvert autorisés les factures ne peuvent plus être honorées, c'est le démarrage d'une impasse de laquelle les producteurs ne peuvent pas sortir tout seul.

 

Sont-ils individuellement responsables de cette situation ?

Sont-ils condamnés à déposer le bilan et à se réorienter professionnellement alors que tout indique un besoin urgent de trouver des volontaires pour s'installer dans le secteur vital qu'est l'alimentation de la population ?

La déconversion des fermes bio est-elle une fatalité ?

À toutes ces questions, la réponse est bien évidemment NON. Les exigences de nos associations pour l'ensemble des productions bio, du lait, de la viande, des œufs ou encore des légumes sont claires : pas un paysan ne doit rester sur le bord de la route, pas un hectare de terre convertie en bio ne doit retourner à l'agriculture conventionnelle.


Un soutien indispensable à l'agriculture biologique

La confédération paysanne défend depuis plus d'un an auprès du Ministère de l'Agriculture le versement d'une aide d'urgence forfaitaire par ferme en agriculture biologique de 15 000€.
Nous réaffirmons ici cette demande qui vise, avant toute chose, à maintenir en place les paysans et les paysannes qui se sont engagés en agriculture biologique conformément à l'ambition qui a été fixée par les pouvoirs publics eux-mêmes.

 

Le Ministère de l'Agriculture a récemment attribué seulement 10 millions d' € pour l'ensemble des productions bio nationales, soit environ 200€ par ferme... Que penser de cette attribution pour les bios, qui relève de l'aumône, avec un ministère qui précise « premiers arrivés, premiers servis » ? L'argent public, c'est-à-dire le nôtre, peut-il faire l'objet d'une curée où celui qui joue le plus rapidement des coudes emporte la mise ?

 

Les producteurs bio doivent bénéficier des mêmes soutiens nationaux ou régionaux que les productions conventionnelles, en tenant compte de leurs spécificités. Le seul secteur du porc a chiffré ses besoins à 30 millions d' €. L'an dernier le secteur de la production porcine nationale a perçu 270 millions d' €, ce qui a représenté une aide moyenne de plus de 30.000 €/ exploitation. Il ne s'agit donc pas d'un problème de budget ! Il est parfaitement avéré que le secteur de production de porc bio doit être aidé dans l'urgence.

Nous comptons sur les parlementaires pour convaincre les conseillers du ministre sourds jusque-là aux demandes réitérées depuis plus d'un an.

 

Une vraie loi Egalim contraignante

Sur le moyen terme, un autre moyen de conforter le secteur est de faire appliquer de manière contraignante la loi EGALIM prévoyant 20% de produits bio dans la restauration collective. À ce jour le retard est considérable et nuit aux producteurs qui ont engagé la production pour répondre à cet objectif.


Autre levier à actionner, la suppression du faux signe de qualité dit "HVE" (haute valeur environnementale) qui vient troubler les choix des consommateurs et qui a été dénoncé par la Cour des comptes.


Nous demandons aux députées présentes ou représentées, ainsi qu'à la sénatrice, d'accompagner ces demandes et d'obtenir la tenue au ministère d'une table ronde avec l'ensemble des acteurs de la bio. Elles doivent se battre ensemble et y adjoindre leurs groupes parlementaires respectifs. Nous leur proposons pour la suite de participer à un comité de suivi avec nos organisations.


→ Au niveau régional
Le Conseil Régional, via la restauration dans les lycées, doit contribuer à la résorption des excédents ponctuels des productions bio en Bretagne. Ce serait un signe de soutien de long terme aux candidats à l'installation et l'expression d'une cohérence avec l'objectif de restauration de la qualité des eaux.


→ À l'Agence de l'eau Loire-Bretagne
Nous demandons à ce que l'enveloppe très conséquente attribuée à la création de bassines pour l'irrigation du maïs, soit basculée en faveur du soutien aux pratiques environnementales vertueuses des fermes en agriculture bio.


→ Aux organismes de financement
Pas un paysan ne doit être laissé au bord du chemin, c'est notre exigence et nous y veillerons. Chacun doit faire un effort. Le report des échéances longs et moyens termes 2023 en fin de plan, de manière à soulager le recours à des financements courts termes, serait un premier pas qui soulagerait les trésoreries passées au rouge vif.


→ À la MSA
Nous demandons la prise en charge totale ou partielle des cotisations sociales 2023 avec effet immédiat. Nous ferons une demande officielle dans la foulée de cette rencontre qui est un point de
départ et pas une fin en soit.

 


Ce serait un échec collectif insupportable si demain, des fermes bio devaient fermer leurs portes !

Ce qui se joue aujourd'hui, c'est la pérennité même d'une activité qui apporte des réponses concrètes et positives aux grands enjeux de notre société.

N'insultons pas l'avenir en refusant les aides indispensables mais au contraire mobilisons nous pour aider ces précurseurs à passer la crise actuelle et ainsi préparer un avenir radieux à notre région.

 

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